JULIETTE ARMANET (FR)
Elle a un prénom d'héroïne dramatique, un goût prononcé pour la chanson pop et le piano, ce gros animal noir qu'il faut sans cesse dompter. Elle chante les amours contrariées avec une distance ironique, cultive un spleen qui ne craint pas les percées rieuses et, surtout, redore avec verve et finesse le blason d'une variété française souvent décriée mais qui, de Chamfort à Delerm, de Christophe à Sheller, de Sanson à Doré, n'a pourtant eu de cesse de chercher, d'expérimenter, d'élargir ses horizons. Orchestrations audacieuses, parcimonieusement teintées d'electro, écriture ciselée, inspiration volontiers surréaliste : la jeune Lilloise bâtit, tout au long de Petite Amie, son premier album, un univers bien à elle, chic et moderne, pudique et distingué, qui se déploie sur le fil de sa voix haut perchée, bondit et rebondit sur les touches d'ivoire – frêle et fort, mélancolique et déluré, incongru et intimiste. Un peu comme du Satie joué à l'harmonica ou une licorne avec des couettes.
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